L’art de la planification thérapeutique est un domaine relativement absent des formations initiale et continue, malheureusement encore trop compartimentées en sous-disciplines, souvent isolées les unes des autres.

La faute à des critères méthodologiques intuitifs et mal définis ou à un système de soins qui ne valorise que l’acte technique et pas le raisonnement qui le sous-tend ? Notre profession a encore pour habitude de faire la part belle à la composante technique et chirurgicale. Au point que, face à une situation clinique donnée, les praticiens ont tendance à ne réfléchir qu’en termes de solutions techniques disponibles. Pourtant, l’acte technique ou chirurgical, même le plus parfaitement réalisé, ne produira pas les résultats escomptés et se traduira probablement par des complications, voire un échec, s’il est mal indiqué ou isolé du contexte général.

Quel que soit le niveau de sophistication des outils utilisés, la logique thérapeutique est et restera fondée sur une démarche en trois étapes: 

  • Observer
  • Comprendre
  • Agir

La première étape consiste à recueillir le plus de données pertinentes possible par l’écoute et l’observation du patient. La deuxième vise à poser un diagnostic, c’est-à-dire à comprendre la ou les causes du ou des problèmes observés, et à émettre un pronostic, ce qui signifie déterminer l’évolution temporelle de la situation clinique. Enfin, la troisième étape, à la lumière des deux premières, permet de déterminer les actions permettant de corriger les problèmes constatés et de prévenir leur récidive.

Ce que vous propose ce numéro spécial est de revenir aux fondamentaux de notre profession: l’observation, le raisonnement diagnostique, l’analyse des facteurs de risque, la communication. Car mieux planifier les traitements, c’est gagner en sécurité et en sérénité à tous les niveaux: une meilleure compréhension et une meilleure acceptation par le patient, moins de risques d’échecs ou de complications, moins de doléances, moins de stress et des résultats thérapeutiques plus satisfaisants et plus pérennes. Et, contrairement à une idée reçue, la planification thérapeutique ne concerne pas que les cas complexes ou de grande étendue. La méthodologie globale – celle qui veut que nous ne traitions pas de problèmes isolés les uns des autres- peut s’appliquer à tous les cas, sans exception, et ne doit viser qu’à améliorer la santé bucco-dentaire à long terme et la qualité de vie du patient.

Demain, à n’en point douter, des intelligences artificielles piloteront des machines pour nous aider à améliorer le diagnostic, repérer plus précocement des facteurs de risque, intégrer les données les plus pertinentes issues de la littérature scientifique. Mais des paramètres humains liés aux préférences du praticien, et surtout du patient, devront toujours être intégrés à l’algorithme décisionnel et le développement de ces technologies ne pourra pas dispenser le praticien de connaître et maîtriser les principes fondamentaux de la planification thérapeutique.

J’adresse un immense merci à tous les auteurs qui ont accepté de participer à la rédaction de ce numéro spécial consacré à ce sujet incontournable. En leurs noms, je vous souhaite une très bonne lecture.

Guillaume Gardon-Mollard 
Coordinateur scientifique
L’INFORMATION DENTAIRE n• 41/42 – 24 novembre 2021